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Bernard Delor artisan coutelier forgeron - Le grain de l'acier
(Coutellerie/Documentation)

Le grain de l'acier et le traitement thermique de normalisation

La forge d'un lame, de préférence à sa mise en forme par simple découpe, peut présenter différents avantages (sous réserve toutefois de bien choisir sont acier, car tous les aciers ne sont pas égaux devant la forge...).

Pour autant, le travail de forge ne présente pas que des avantages.

Il suffit de casser une barre d'acier pour observer que celle-ci semble constituée d'une multitude de grains minuscules et solidaires les uns des autres. Plus ces grains sont petits, meilleure sera la résistance de l'acier : les grains sont plus serrés, les inserstices entre eux sont donc réduits, l'acier sera moins sujet à des fissures ou à la casse.

Malheureusement, les chauffes et refroidissements répétés subis par une lame au cours de la forge vont avoir pour effet de faire grossir de façon très sensible le grain de l'acier (cette différence de grain est parfaitement visible à l'oeil nu). Il en résulte qu'une lame forgée verra les qualités de son acier nettement dégradées : fragilité acrue, risque de casse plus important en cas de choc ou d'effort...

Pour remédier à ce défaut, le forgeron effectue en fin de forge plusieurs montées en température controlées suivies de refoidissements brefs, qui ont pour effet de réduire progressivement la taille du grain de l'acier. 

Photo montrant le grossissement du grain de l'acier

La photo ci-dessus illustre l'effet de la normalisation : à gauche, un échantillon d'acier forgé; à droite, le même acier forgé, après normalisation !


Le damas de soudure : histoire et technique
(Coutellerie/Documentation)

Origines historiques, utilisations techniques,
et usages esthétiques des aciers feuilleté,
également nommés aciers damassés

 

 

Origines historiques

Le damas de soudure, également appelé acier damassé, acier feuilleté, ou encore damas occidental (par opposition au damas dit "oriental" ou wootz), est constitué, dans sa forme la plus simple, d'un empilement de couches hétérogènes, un peu à la manière d'un mille-feuilles. Les multiples couches sont soudées ensemble à la forge, par un simple martelage effectué à une température appropriée.

Le procédé est connu depuis fort longtemps, car avec la métallurgie du fer, les hommes découvrent rapidement que le métal, obtenu par des procédés de réduction du minerai en bas fourneau d'abord empiriques, puis de mieux  en mieux maîtrisés, présente des caractéristiques physiques non homogènes.
La maîtrise imparfaite des paramètres mis en jeu dans le processus (température, richesse en oxygène, composition du minerai...) conduit à la production d'un bloc de métal brut très imparfait, car contenant de nombreuses inclusions de scories, ainsi que des parties dont les teneurs en carbone dissous dans le fer varient considérablement. Dans une même "loupe" (on nomme ainsi le bloc de métal résultant de la réduction du minerai dans le bas fourneau), on trouvera donc des parties de fer quasiment pur, (c'est à dire exempt de carbone), des parties de fer aciéré (c'est à dire contenant une certaine concentration en carbone), et des parties assimilables à des "fontes" (c'est à dire contenant une plus forte concentration en carbone).
Une telle hétérogénéité est préjudiciable à la qualité du métal : les inclusions de scories doivent être expulsées, et les zones trop diversement carburées doivent être homogénéisées car elles présente des caractéristiques mécaniques trop différentes pour pouvoir être utilisées en l'état de quelque manière que ce soit.
Très vite et très tôt, l'humanité découvre qu'en martelant la loupe incandescente pour la resserrer, puis en l'étirant et en la repliant sur elle-même de nombreuses fois, on parvient à corriger l'ensemble de ces inconvénients. En effet, les scories se trouvent progressivement rejetées à l'extérieur de la loupe, et les différentes zones de carburation, intimement rapprochées par la succession des pliages, sont peu à peu homogénéisées.  L'opération consistant à resserrer la loupe est nommée cinglage. L'homogénéisation par replis et soudure du métal sur lui-même est nommée corroyage.

 

 

L'utilisation technique des aciers damassés

De nombreuses régions possèdent des gisements et produisent alors du fer. Quoique dépouvus de connaissances physico-chimiques sur la structure et la composition des métaux ferreux, les artisans identifient néanmoins très vite les caractéristiques propres aux productions de chaque région. On sait ainsi que tel ou tel fer, peut être travaillé de telle ou telle manière, et sera plus approprié pour tel ou tel usage. De sorte qu'apparait l'idée qu'en mêlant à la forge des métaux ferreux de différentes origines et propriétés, on pourrait de la sorte obtenir au final une matière alliant les qualités intrinsèques de l'un et de l'autre. Ou encore, pour pousser davantage le raisonnement, on se dit alors qu'il serait intéressant de constituer des objets de manière composite en choisissant judicieusement la matière constitutive de chaque partie. Contrairement à l'opération de corroyage évoquée précédemment, le travail de forge ne va pas jusqu'à l'homogénéisation de l'ensemble. Bien au contraire, on choisit et positionne chaque matière en fonction du rôle qu'on souhaite lui voir jouer. On verra ainsi apparaître des épées composites constituées d'une âme en fer, pauvre en carbone et parconséquent suffisamment malléable pour absorber les chocs, et de tranchants en métal aciéré garantissant tranchant et dureté.


Le jeu avec les assemblages composites ira très loin : les mérovingiens, dès le Vème siècle après JC, produisent des épées dont la structure très complexe contient des assemblages des barreaux feuilletés et torsadés, avec des tranchants rapportés en acier dur.

 

 

L'utilisation esthétique des aciers damassés

Ici intervient un autre aspect fondamental du travail sur ces assemblages composites ou aciers damassés : lorsque le métal est finement poli, un traitement chimique (le plus souvent une corrosion de surface par une substance légèrement acide)permet de révéler la structure composite. En effet, le métal, en fonction de sa composition, réagit de manière différente à l'attaque chimique; cela se traduit par l'apparition de nuances de gris différentes (quasiment du blanc au noir) qui permettent de distinguer les couches successives de métal. De sorte que le travail sur les aciers composites sera également utilisé à des fins non seulement techniques et mécaniques, mais aussi esthétiques. De telles épées requièrent un travail et une maîtrise consédérables. Elles sont le plus souvent l'apanage de rois ou d'empereurs, et leur vue frappe l'imagination, car à la magnificence des ornements, vient s'ajouter l'aspect moiré et changeant de la lame qui, prenant différemment la lumière, semble par moment flamboyer et s'animer d'une vie propre.

 

 

Les aciers damassés contemporains

De nos jours, la démarche demeure inchangée, le forgeron privilégiant la recherche esthétique, ou la qualité mécanique, ou encore tentant de concilier au mieux l'une et l'autre.

La différence - considérable - tient en cela que les matières de base dont nous disposons aujourd'hui, sont des aciers industriels dont les caractéristiques et les compositions sont parfaitement connues. L'artisan constitue ainsi son damas en toute connaissance de cause, et la connaissance des aciers qu'il va assembler lui permet d'anticiper les propriétés du damas résultant.

Concrètement le travail commence par la préparation d'une "trousse",  c'est à dire d'un empilement de plaques d'aciers de différentes compositions.
Préparation de la trousse de damas
La trousse est fixée à un barreau ou traînard afin de pouvoir être manipulée facilement.
Constitution d'une trousse de damas  

Elle est mise à chauffer, puis, lorsque la température de soudure est atteinte, martelée afin de solidariser les plaques d'acier. 
Mise en temmpérature de la trousse de damas dans la forge à gaz
Il s'agit alors de multiplier le nombre couches en effectuant, comme pour une pâte feuilletée, une succession d'étirement, de replis et de soudures du bloc sur lui-même.
Le nombre de couches résultant de ces opérations est multiplié et peut atteindre rapidement plusieurs centaines.
La trousse de damas soudée

Le bloc feuilleté peut alors être utilisé tel quel, ou encore subir de nouvelles déformations structurelles (reforgeage, torsion, incisions...etc). Quoiqu'il en soit, le forgeron termine son travail en mettant en forme le bloc ainsi obtenu, puis en affinant le travail par un processus d'abrasion et enfin de polissage après avoir le cas échéant effectué les traitements thermiques requis (trempe, etc...).

Au final, une révélation chimique vient faire apparaître la structure composite résultant du travail de forge, des déformations et des abrasions pratiquées.


Bernard Delor artisan coutelier forgeron - Trempe sélective
(Coutellerie/Documentation)

La trempe sélective

Porté à une température suffisante, le réseau cristallin de l'acier et la position relative des atomes se modifient.

Un refroidissement brutal permet de figer une structure cristalline particulière, différente de celle qui résulterait du réarrangement des atomes lors d'un refroidissement progressif. Pour cela, la lame, préalablement chauffée, est plongée rapidement dans un bac de trempe empli d'huile (ou parfois d'eau).

Dans cet état, l'acier gagne en dureté et en rigidité, mais devient également très cassant. La trempe selective est destinée à nuancer la dureté de l'acier sur les différentes parties de la lame, de manière à obtenir un tranchant dur et rigide, et un dos de lame plus souple et donc moins cassant. Pour atteindre ce résultat, la lame est recouverte d'un enduit argileux dont les variations d'épaisseur permettront de moduler l'effet de la trempe : une plus faible épaisseur au niveau du tranchant aura pour effet de limiter la trempe à cette zone.
La transition entre les différents états cristallins de l'acier, appelée ligne de trempe, peut être révélée par une attaque chimique.

Dans tous les cas, un traitement thermique dit de revenu est effectué ensuite afin d'adoucir la trempe et d'amener la lame à des conditions de souplesse compatible avec l'usage auquel elle est destinée. 

 

Exemple de ligne de trempe résultant de la trempe sélective, sur une lame de dague Billao de Somalie

Exemple de ligne de tempe sur une lame de dague billao de Somalie

Photo provenant du site consaccré aux armes blanches orientales : Orient Blades

 


Bernard Delor artisan coutelier forgeron - Montages et finitions
(Coutellerie/Documentation)

Montage du manche en "plate-semelle"

 

Couteau de chasse, manche plaquettes de buis montées en plate semelleCe sont des couteaux dont le manche est constitué de deux plaquettes latérales (en bois, corne, ivoire...etc), fixées de part et d'autre d'une large semelle de métal centrale prolongeant la lame.
C'est un montage simple et robuste bien adapté à des couteaux d'usage quotidien.

 

 

 

 

 

Montage du manche en "soie"

 

fsoie.jpgSur ces couteaux, la lame est prolongée par une partie plus effilée, la soie, destinée à assurer la fixation du manche. La soie est ajustée dans un espace aménagé dans le manche, qu'elle traverse parfois entièrement afin d'être rivée sur un pommeau.
C'est un montage couramment utilisé pour les couteaux de prestige, les dagues, les couteaux de chasse, et les épées

 

 

 

 

Couteaux intégraux "bruts de forge"


fbdf.jpgCe sont des couteaux entièrement en acier forgé, d'une seule pièce. Le manche, certaines parties de la lame, sont parfois laissés "brut de forge", c'est à dire que leur état de surface demeure celui résultant du feu de forge et du travail de mise en forme.

 

 

 

 

 

Guillochage

 

fguil.jpg

Ce sont des motifs décoratifs réalisés manuellement à la lime à métaux sur le dos et le manche des lames.


  
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